for chamber orchestra (2020)
Instrumentation
1 (doubling Picc.) – 1 – 1 – 1 / 1 – 1 – 0 – 0 / Timp. (needs a superball stick & a flexible plastic ruler of approximately 30 cm length) / 8 – 6 – 4 – 4 – 2
Duration
5′
Recording (Premiere without an audience)
22nd April 2021, Amiens (France), Maison de la Culture d’Amiens, Orchestre de Picardie conducted by Pierre Bleuse
Publisher
Program Note (FR)
Dans l’évolution de notre culture depuis l’Antiquité, le masque a toujours tenu une position importante en fonction des lieux et des occasions : cérémonies funèbres, rituels religieux, performances théâtrales, combats, événements sportifs, protection, sauvegarde, sécurité, défense, surveillance, etc. Lorsque le masque apparaît en tant qu’élément d’un costume, notamment dans le cadre du théâtre ou des fêtes, il nous permet non seulement de ne pas être identifiés, mais aussi de jouer un rôle différent de sa propre personnalité du fait de cacher son visage.
La « Pavane » de Gabriel Fauré, qui a été intégrée dans sa suite « Masques et Bergamasques », est tellement célèbre que, de nos jours, elle est adaptée en nombreuses versions de style et de facture instrumentale, comme si elle se déguisait en voulant dissimuler sa vraie identité.
Dans ma composition, les deux versions que Fauré a écrites pour orchestre, dont l’une avec chœur mixte, ont retenu mon attention. On pourrait encore dire que le texte de la partie chorale écrit par Robert de Montesquieu est fictivement omniprésent dans la version purement orchestrale, comme si celui-ci était masqué et rendu invisible au monde perceptible.
Dans ma pièce, j’ai donc voulu évoquer son existence en paroles instrumentalement « déguisées » en le convertissant en gestes quasi-parlants, tandis que la mélodie originale de la Pavane émerge peu à peu des « pas » de l’ostinato qui l’accompagne. Ces gestes fragmentaires, capricieux, ironiques et souvent exagérés ont déjà perdu leur propre identité : la signification du texte. En revanche, leur traitement souvent en soliste nous permet de les rendre autrement identifiables et de redéfinir musicalement leur visage dès le début de la pièce, même si au fur et à mesure qu’elle prend le large ce fonctionnement sera perdu par un procès d’accumulations.
Le jeu de mots du titre (« pas de rôle », « parole », « pas drôle »…) symbolise cette ambiguïté et fragilité identitaire.
Program Note (JP)